Entreprendre ou partir ? Les jeunes Guinéens face au pari de l’autonomie
Tandis que certains rêvent d’exil, d’autres choisissent de prendre leur destin en main, ici, chez eux. Ce texte plonge dans la réalité de ces jeunes qui, face au chômage, créent leurs propres solutions, malgré les obstacles. Un regard lucide, humain, et plein d’espoir sur l’avenir entrepreneurial en Guinée.
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Jeunes entrepreneurs guinéens en activité maraîchère. |
En Guinée, près de 70 % de la population a moins de 25 ans. Un chiffre qui devrait être un atout, mais qui devient un fardeau lorsque le chômage des jeunes atteint des niveaux critiques. Faute d’emplois, nombreux sont ceux qui tentent l’aventure entrepreneuriale, avec espoir, créativité… mais aussi frustration.
"Créer son entreprise, ce n’est plus un choix. C’est une nécessité", confie Alpha, 24 ans, fondateur d’un service de livraison à Conakry.
Un dynamisme qui ne demande qu’à éclore Marché de cosmétiques naturels, applications mobiles, maraîchage urbain, couture, recyclage... Les idées ne manquent pas. Les jeunes Guinéens innovent dans des secteurs souvent négligés par les grands investisseurs. Ils transforment les défis quotidiens en opportunités économiques. Beaucoup lancent leur activité avec peu de moyens : un simple téléphone, une page Facebook, ou un petit prêt familial. Leur objectif ? Créer de la valeur locale, vivre dignement et parfois même embaucher.
Des freins qui ralentissent l’élan
Mais entre les rêves de réussite et la réalité du terrain, le fossé est grand. Les obstacles sont nombreux :
Accès difficile aux financements (manque de garanties, crédits inexistants)
Faible accompagnement des projets (coaching, suivi, formation)
Lenteur administrative (création d’entreprise, impôts)
Instabilité politique et économique
"On nous parle d’entrepreneuriat à l’école, mais personne ne nous dit comment survivre sans fonds", déplore Mariama, 21 ans, promotrice de produits agricoles à Coyah.
Des initiatives en marche
Face à ces blocages, des ONG, incubateurs et programmes d’appui se multiplient : Saboutech, Ose Ton Emploi, Initiative Afrique, CJD Guinée, etc. Des concours de pitch, des ateliers de formation ou du mentorat permettent à certains jeunes de structurer leur projet.
Mais ces dispositifs ne touchent encore qu'une minorité. La majorité des jeunes entrepreneurs évoluent seuls, sans protection sociale ni formation adaptée.
Et pourtant, ils restent…
Alors que beaucoup rêvent de l’Europe à travers l’"Bato", certains choisissent de construire leur avenir ici, sur leur propre sol. Leur parcours est semé d'embûches, mais aussi de petites victoires : un premier client, un local loué, une commande régulière.
"Je n’ai pas réussi à trouver un emploi, alors j’ai décidé de le créer", explique Issiaga, réparateur de téléphones à Kindia. "Ce n’est pas facile, mais c’est ma fierté."
L’entrepreneuriat des jeunes en Guinée n’est pas une mode : c’est une réponse directe à l’urgence sociale et économique. Ces jeunes n’attendent pas l’État, mais l’État ne peut plus se permettre de les ignorer.
Soutenir l’entrepreneuriat, ce n’est pas seulement créer des entreprises. C’est construire des vies, des projets, et éviter que l’avenir du pays ne s’embarque sur des pirogues sans retour.
Saran Doukouré
JR23080
Belle initiative pour les jeunes d'entreprendre, l'Etat doit leur apporter vraiment un coup de main.
RépondreSupprimerMagnifique
SupprimerPlus de jeunes devraient se tourner vers l'entrepreneuriat au lieu de choisir l'exil comme solution
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